La passion de certains avec le football peut parfois s’assimiler à une longue histoire d’amour qui ne semble jamais prendre fin. François Enguilabert, Nouari Lalami et Jean-Luc Courtet ont en commun un engagement et un dévouement sans faille avec leur club de toujours.
François Enguilabert, 30 ans de présidence – Occitanie / Tarn
Cela fait presque trente ans que François Enguilabert est à la tête du club de Marssac-sur-Tarn. Trois décennies que ce natif du village de 3 000 habitants en gère la présidence et permet au club de Régional 1 de faire partie de ceux qui comptent dans le département du Tarn. Né dans la commune, « au sein d’une maison qui donnait sur le terrain de foot municipal, il y avait des prédispositions », l’homme fait d’abord ses classes de footballeur à Albi, faute d’école de foot à Marssac. Revenu chez lui à 20 ans, pour jouer en senior, il jouera 10 ans avant de s’investir en tant que dirigeant. « J’ai par la suite eu plusieurs rôles comme trésorier, secrétaire, puis président à partir de 1992. » Un poste qu’il n’a plus jamais quitté. Alors, comment fait-il pour tenir aussi longtemps ? « C’est simple. Marssac, c’est mon village, mon club. J’ai toujours eu envie de maintenir ce sport dans la commune. Je ne dis pas que mon départ serait une catastrophe, mais ça me rassure d’être là. » Avec 380 licenciés aujourd’hui, le club est solidement installé dans le paysage footballistique de la région. « On était plutôt habitués à voir évoluer nos seniors 1 en R2-R3 ces dernières années mais on est montés il y a deux ans et on y est toujours. » Une accession au plus haut niveau régional qui restera encore, pour son président, l’un des plus beaux jours de l’histoire du club. « Elle s’est jouée lors de la dernière minute du dernier match à Cahors où il fallait gagner », se remémore François Enguilabert. Comme ces superbes épopées en Coupe de France. « Nous sommes allés jusqu’au 7e tour il y a trois ans, face à Clermont, et au 8e contre Pau la saison passée. C’était magique. Vous vous imaginez, Marssac, c’est un village de foot dans un département de rugby… » Alors à 67 ans, le président est-il enfin prêt à passer la main ? « Il faudrait quand même car je commence à fatiguer. Et puis, un petit peu de changement ne ferait pas de mal. J’aimerais bien que quelqu’un me dise “je veux prendre ta place”. Mais pour l’heure, je n’ai pas trouvé. » L’histoire n’est donc encore pas près de s’arrêter.
Nouari Lalami, coach de l’AS Hautmont depuis 20 ans – Hauts-de-France / Nord
« L’ASH, c’est mon club, ma vie. J’y suis depuis que j’ai 8 ans. » C’est une véritable histoire d’amour qui s’est créée entre Nouari Lalami et l’AS Hautmont, il y a plus de 40 ans. Natif de la commune, c’est sous les couleurs de cette petite écurie du Nord qu’il touchera ses premiers ballons avant de faire ses gammes dans les différentes catégories jeunes, jusqu’à l’équipe senior où il évolua comme libéro. « Je suis alors passé entraîneur-joueur et j’ai adoré ça », indique-t-il. Avant de raccrocher définitivement les crampons à 43 ans pour se consacrer essentiellement à son rôle de coach. Au total, cela fait vingt ans qu’il est entraîneur principal de l’équipe fanion. Sans interruption. « Il y a évidemment eu des moments difficiles, avec des montées et des descentes mais cela va mieux aujourd’hui », explique-t-il. Des périodes compliquées comme ce jour d’été 2008, où une tornade frappa la ville et emporta la plupart des installations du club. « On a eu beaucoup de mal à nous en remettre. Pas mal de joueurs sont partis, il fallait redémarrer. Mais on n’a rien lâché. » Et Nouari Lalami peut compter sur de solides appuis quand cela va moins bien. « J’ai mes trois frères qui dirigent le club à mes côtés. J’en ai un qui est président, l’autre est entraineur de l’équipe réserve, et le dernier, directeur sportif. Cela fait vingt ans que nous travaillons tous les cinq ensemble. Nous avons décidé de reprendre le club pour le sauver quand il était à la limite du forfait général ». Et force est de constater que les quatre frères ont réussi leur pari en stabilisant l’AS Hautmont en Régional 3 depuis cinq ans. L’une de leurs plus grandes fiertés.
Crédit photo : La Voix du Nord
Jean-Luc Courtet, l’emblème du CA Pontarlier – Bourgogne-Franche-Comté / Doubs
« Le Guy Roux du Doubs ». C’est le surnom que les observateurs du football franc-comtois lui ont donné tant sa longévité sur le banc du CA Pontarlier (National 3) est impressionnante. Ancien joueur professionnel passé, entre autres, par Clermont, Sedan ou Auxerre, Jean-Luc Courtet entame sa 20ème saison consécutive comme entraîneur de l’équipe première du CAP. Né à Pontarlier mais n’y ayant jamais joué faute de structure existante lorsqu’il était jeune, il y reviendra en 2001 pour clore sa carrière de joueur. « J’avais 33 ans et à la suite de mon passage à Clermont, se posait la question de ma reconversion. Le président du CAP de l’époque m’a proposé de devenir entraîneur-joueur. Il voulait faire grandir le club avec moi, donc j’ai tout de suite accepté le challenge. » Alors en DH, Pontarlier monte en CFA2 au bout de trois ans. « C’est à ce moment que j’ai décidé de devenir seulement entraîneur. Ce n’était plus compatible avec le niveau. » Le club restera ainsi quinze années dans la même division, avant une montée historique en N2, lors de l’exercice 2017-2018. « Nous ne sommes restés qu’une année car ce n’était pas un championnat fait pour nous. Nous sommes une petite structure de niveau amateur, le N3 nous correspond mieux. » Aujourd’hui responsable technique du club, Jean-Luc Courtet intervient sur les différentes catégories du CAP, de l’école de foot aux seniors. « J’ai un regard transversal sur le club, je connais tous les gamins, tous les joueurs. J’aime m’imprégner de toutes les équipes. » Une manière de voir le football qu’il doit à un homme en particulier. « J’ai cette fibre depuis mon passage comme joueur à l’AJ Auxerre, où Guy Roux m’a beaucoup marqué. J’ai adoré sa vision des choses, comment il voyait le fonctionnement d’un club, le travail identitaire qu’il inculquait dès le plus jeune âge. C’est d’ailleurs ce que j’essaie de faire à Pontarlier depuis mon arrivée. » On ne le surnomme donc pas le « Guy Roux du Doubs » par hasard.
Rédaction par la revue Vestiaires