Côté foot

TOUR DU MONDE EN BALLON

Que ce soit en France, à travers l’Europe ou à travers le monde, le pouvoir social et le côté populaire du football n’ont pas d’équivalent. Comme le prouve une nouvelle fois ces trois histoires.

Île de France / ParisLa Team Autremonde marque contre l’exclusion sociale

Une deuxième famille !” Voilà comment Kara Traoré définit sa découverte de la Team Autremonde, lors de son arrivée de Thiès, au Sénégal, en 2018. “Lorsqu’on débarque à Paris d’un pays étranger, il n’est pas facile de créer du lien social, mais c’est ce que cette équipe m’a permis : mieux m’insérer dans la société française“, poursuit le milieu offensif de 36 ans, devenu depuis le capitaine de cette “équipe de football pas comme les autres“. Créée au début des années 2010 par l’association Autremonde, qui lutte contre l’exclusion sociale dans le 20e arrondissement de Paris, la “Team” est composée de personnes en situation précaire et passionnées de football. Sénégalais, Ivoiriens, Algériens, elle compte notamment de nombreux migrants qui se retrouvent plusieurs fois par semaine pour s’entraîner et disputer le championnat FSGT à 11 du comité de Paris. “Depuis mon arrivée en 2016, on a dû voir passer 300 joueurs“, se félicite Tommy Weber, un des encadrants qui ambitionne de créer une équipe mixte à 7, lors de la rentrée 2024. “Réseau d’amitié et d’entraide avant tout“, la Team Autremonde a fait parler d’elle en 2020, avec la parution d’un livre photographique de portraits, vendu à près de 1000 exemplaires et préfacé par le parrain du club le champion du monde Presnel Kimpembe. “L’idée était de trouver de l’argent pour financer la saison et on a pensé à un livre qui raconterait les parcours incroyables de nos joueurs pour les valoriser“. “Notre équipe démontre que le football est un vecteur d’espoir et d’humanisme“, conclut le capitaine Traoré.

Occitanie / HéraultLe FC Pas du Loup, club de quartier en pole sur la féminisation

Un jour de 2019, nous avons retrouvé les vestiaires inondés après un souci de canalisations bouchées. On a constaté que cela était dû à de nombreuses protections périodiques, et nous avons alors réalisé que nous n’avions pas de poubelles dans les toilettes“, raconte Nordine Maktoubi avec son accent ensoleillé. Président fondateur du Football Club Pas du Loup en 2014 au sein du quartier populaire montpelliérain Paul-Valéry, son club passé de 20 à 350 licenciés en dix ans, est devenu un modèle pour le football féminin. “Bien que féministes, nous avons constaté avec cet épisode que seules les femmes vivent certaines situations“. Résultat ? Le FCPL décide de créer un conseil des femmes, composé de licenciées, de mamans et de bénévoles pour monter des projets autour d’un goûter. La première décision du conseil est l’achat de deux véhicules pour lever le frein de la mobilité. Vient ensuite le frein économique : “Nous sommes dans un quartier populaire et déjà que les gens ont du mal à payer pour du loisir, s’ils le font, c’est plus souvent pour les garçons“. Malgré un manque à gagner de 18 500€, le club décide de rendre les licences gratuites pour ses licenciées et les 53 bénévoles du club de faire don de leurs défraiements pour compenser. La mise en place de distributeurs périodiques gratuits au club est le dernier exemple d’un engagement en faveur du foot féminin qui a valu au FCPL de remporter, en 2023, le prix Sensationnelles, lancé par Intermarché et la Fédération Française de Football. Avec ses 120 licenciées, le FC Pas du Loup et son président se félicitent surtout “d’avoir ouvert la voie à d’autres quartiers populaires pour monter leurs équipes féminines loisirs“.

Auvergne-Rhône-Alpes / RhôneClémentine Constant, présidente polyvalente d’Handi Sup OL

Grâce à son minibus, le groupe Handi Sup OL est connu de tous les supporters lyonnais, lorsqu’il fait les déplacements. Il faut dire qu’en presque trente ans d’existence, l’association  a vu du pays. “De Munich à Glasgow, en passant par Lille, Clermont ou Londres“, décrit avec enthousiasme Clémentine Constant, la présidente depuis 2016, qui se réjouit à l’idée de sillonner à nouveau les routes européennes la saison prochaine. “Je suis rentrée dans l’association en 2006, un an après sa création pour faciliter l’achat de billets de matchs à Gerland pour les personnes handicapées“, se souvient celle qui fut d’abord accompagnatrice d’une supportrice rencontrée lors des entraînements du septuple champion de France. “On a la chance d’avoir des relations extraordinaires avec le club où tout le monde a pris conscience de la complexité de tous les types de handicaps qu’Handi Sup OL accueille, que ce soit fauteuils, non-voyants, sourds et muets, handicapés mentaux“. Organisation de manifestations pour récolter des fonds, gestion administrative, sollicitations médiatiques… “C’est parfois un peu compliqué de gérer au quotidien” les 130 abonnés, avoue une présidente polyvalente, qui s’improvise même parfois chauffeur de bus. Depuis 2006, Clémentine Constant et les membres de l’association compensent ces difficultés par les “souvenirs exceptionnels” qu’ils partagent dans les tribunes du Groupama Stadium à chaque match à domicile de l’OL. Et dont les moments les plus forts restent les déplacements qui “permettent de sortir du quotidien certaines personnes qui ne partent jamais en vacances“. Une parenthèse enchantée et “des sourires sur le visage” qu’Handi Sup OL et sa présidente  n’ont pas fini de balader sur les routes.

Rédaction par la revue Vestiaires

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